La biodiversité
menacée

Introduction

"Sous pression". Dans son dernier baromètre de la biodiversité en Bourgogne-Franche-Comté, l'Observatoire régional de la biodiversité donne le ton. "Les activités humaines exercent depuis toujours de nombreuses pressions sur la biodiversité", dans le monde, en France et à l'échelle locale.

"La fragmentation et la destruction des milieux naturels, les pollutions, les invasions biologiques et le changement climatique constituent les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité." En France, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, plus d'un amphibien sur trois et une espèce de conifère sur trois sont menacés d'extinction à l'échelle mondiale précise l'Observatoire régional. Près d'une espèce sur cinq présente un risque de disparation à moyen terme... Glaçant.

Quelle est la situation dans notre région ? Nous avons sollicité des experts pour tenter de dresser l'état des lieux de la biodiversité en Bourgogne-Franche-Comté. Et le constat n'est guère reluisant.

Mais tous s'accordent à dire qu'il est encore possible
de changer les choses.

L'érosion de la biodiversité

En Bourgogne-Franche-Comté, sur les 7 544 espèces évaluées par l'Observatoire régional de la biodiversité, 1 637 sont menacées, soit environ 20%.

30,4 % : en Bourgogne, près d'une espèce animale sur trois est menacée.

27,8 % : pour ce qui est des espèces végétales, plus d'une espèce sur quatre est concernée.

Le const

Le constat

1. Les mammifères résistent mieux

En Bourgogne, hors chiroptères, trois espèces de mammifères sont menacées sur 39 évaluées, indique l'Observatoire régional de la biodiversité dans sa fiche de décembre 2020. Ces trois espèces sont la loutre d'Europe, la crossope aquatique et la crossope de Miller.

Sur les 22 espèces de chauves-souris dont la présence et la reproduction sont avérées dans la région, quatre sont menacées : le grand rhinolophe euryale est en danger d'extinction, le grand rhinolophe est classé en danger, le murin de natterer et le murin de Bechstein sont classés vulnérables. Le minioptère de Schreibers est considéré comme éteint, les populations reproductrices n'étant plus présentes en Bourgogne.

Certaines espèces d'oiseaux, d'insectes, de poissons et plusieurs dizaines d'espèces végétales ont disparu de nos territoires ou ne s'y reproduisent plus.

2. Les oiseaux nicheurs impactés

Parmi les 159 espèces d'oiseaux nicheurs évaluées, 59 sont menacées selon l'Observatoire soit 37,1% (24 classées vulnérables, 20 en danger et 15 en danger critique d'extinction).

Le râle des genêts, le bruant ortolan et la rousserolle verderolle sont sous la menace d'une disparition à court terme. Le butor étoilé et la pie-grièche grise ne se reproduisent plus sur le territoire bourguignon et sont considérées comme des espèces éteintes.

3. Des amphibiens menacés d'extinction

"En Bourgogne, 16 espèces d’amphibiens (grenouilles, crapauds, tritons et salamandres) ont été évaluées sur les 17 espèces présentes", explique l'Observatoire.

"Quatre espèces d’amphibiens - soit un quart des espèces bourguignonnes - sont menacées d’extinction : le triton ponctué et le triton marbré, dont les populations sont faibles, isolées ou en régression, sont classés en danger ; le triton crêté et le pélodyte ponctué sont classés vulnérables."

4. Les reptiles : deux espèces menacées

En Bourgogne, 12 espèces de reptiles ont pu être évaluées sur les 13 espèces dont la présence est avérée. Parmi elles, deux espèces sont menacées : la tortue cistude d’Europe, classée en danger, compte tenu du faible nombre de stations où elle est présente et de l’évolution de son aire de répartition, et le lézard vivipare, classé vulnérable du fait de son aire de répartition et du nombre de localités réduit.

5. Le cas particulier des écrevisses

"En Bourgogne, six espèces d’écrevisses sont présentes, dont seulement deux sont indigènes : l’écrevisse à pattes blanches et l’écrevisse à pattes rouges. Les autres espèces ont été introduites par l’Homme : l’écrevisse américaine, l’écrevisse de Californie, l’écrevisse de Louisiane et l’écrevisse à pattes grêles. Ces dernières n’ont pas été incluses dans l’évaluation pour la liste rouge.

Les espèces évaluées sont toutes deux menacées : l’écrevisse à pattes blanches est en danger et l’écrevisse à pattes rouges est en danger critique. "Les écrevisses exotiques concourent à la disparition des écrevisses indigènes, car elles entrent en compétition avec ces dernières pour la nourriture et les abris. Elles sont également souvent porteuses saines de maladies mortelles pour les écrevisses indigènes", détaille l'Observatoire.

6. La flore loin d'être épargnée

Si la faune paie un lourd tribut, la flore n'est pas épargnée. Selon l'Observatoire régional de la biodiversité, en Bourgogne, la flore se compose de 2 586 espèces.

Pour l'établissement de la liste rouge des espèces menacées, 1 765 espèces ont été évaluées et classées. Constat : plus d'un quart (27,8%) sont menacées d'extinction. De plus, 80 espèces ont déjà disparu de notre territoire.

"Les habitats hébergeant le plus d’espèces menacées sont les pelouses calcicoles, les champs cultivés et les forêts. Toutefois, si l’on regroupe tous les habitats de « zone humide » (marais, roselières, prairies humides, tourbières…), ces derniers deviennent alors le compartiment le plus critique avec 192 espèces menacées, voire éteintes," détaille encore l'Observatoire.

Photo Philippe Bruchot

Photo Philippe Bruchot

Photo Philippe Bruchot

Photo LBP/Astrid GAYET

Photo LBP/Astrid GAYET

Photo LBP/Astrid GAYET

Photo LBP/Etienne TAUVERON

Photo LBP/Etienne TAUVERON

L'écrevisse américaine. Photo LBP/Bricette BOLLOTTE

L'écrevisse américaine. Photo LBP/Bricette BOLLOTTE

L'écrevisse américaine. Photo LBP/Bricette BOLLOTTE

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Photo LBP/Philippe BRUCHOT

Pourquoi une telle érosion ?

"C'est inquiétant car c'est de pire en pire"
Marie-Charlotte Anstett, chargée de recherches au CNRS

Comment expliquer une telle érosion de la biodiversité dans la région ? Selon Marie-Charlotte Anstett, chargée de recherches au CNRS à l'université de Bourgogne, il y a beaucoup de facteurs qui menacent la biodiversité en Bourgogne-Franche-Comté. Il y a "les pollutions de l'eau, de l'air et la disparition des habitats naturels". Frank Cézilly, professeur d'écologie à l'uB précise : "Avec la population qui augmente, les aires urbaines augmentent, la bétonisation s'intensifie et on ne se pose pas vraiment la question du maintien de la biodiversité dans ces espaces. Et puis, la dégradation des habitats est également en lien avec l'extension des surfaces agricoles, sans parler des monocultures qui sont défavorables à la biodiversité".

Et puis, il y a le réchauffement climatique. "On commence à voir son impact sur les écosystèmes", insiste Marie-Charlotte Anstett. "Et ça va aller de pire en pire avec de possibles effets de disparitions d'espèces en cascade. Le réchauffement climatique risque de donner le coup de grâce", alerte-t-elle.

"Chez nous, le changement climatique va jouer sur la réduction des zones humides en raison de l'augmentation des jours de canicule. Les mares temporaires qui abritent de la biodiversité vont avoir de plus en plus de mal à se régénérer" mettant en difficulté les espèces qui y vivent. "Quand la température augmente, il y a également une diminution des capacités immunitaires des espèces ectothermes, c'est-à-dire des espèces qui ne régulent pas leur température comme les insectes, les crustacés ou les reptiles. Elles sont donc plus sujettes aux parasites, il y a plus d'individus infectés", explique Frank Cézilly qui poursuit : " Ce qui nous inquiète le plus, c'est que la rapidité du changement global semble dépasser la capacité d'adaptation biologique des organismes. Entraînant la disparition de populations."

"Quand j'étais môme, on voyait des criquets et sauterelles. Maintenant, même dans les prairies calcaires, il n'y a plus rien qui bouge."
Marie-Charlotte Anstett

Moins de diversité dans le futur ?

Outre la disparition d'espèces, le réchauffement climatique sous nos latitudes risque d'entraîner une uniformisation de la biodiversité. "Face à l’extinction, les espèces ne sont pas toutes égales. Les espèces très spécialisées avec des petites aires de distribution ont plus tendance à être menacées. Au contraire, les espèces très généralistes résistent mieux aux changements. Ce sont elles qui prennent la place des autres", déplore Marie-Charlotte Anstett. "Ce qui est inquiétant, c'est la banalisation de la biodiversité, par le fait que certaines espèces disparaissent ou régressent. Dans le futur on risque d'avoir moins de diversité. Notre faune sera moins différenciée d'une région à une autre en France", explique pour sa part Frank Cézilly.

Et Marie-Charlotte Anstett d'alerter sur le sort particulier des insectes. "Quand j'étais môme, il y a une quarantaine d'années, on voyait des criquets et des sauterelles sauter partout quand on se baladait. Maintenant, même dans les prairies calcaires, il n'y a plus rien qui bouge. Au niveau des insectes, nous sommes sur des extinctions importantes. Une étude faite en Allemagne a montré une diminution de la biomasse d'insectes de 75% sur les 30 dernières années dans des parcs naturels. Alors, imaginez dans des zones non protégées, c'est encore pire ! "

Menace sur les pollinisateurs
du cassis noir de Bourgogne

Marie-Charlotte Anstett a réalisé une étude sur les pollinisateurs du cassis noir de Bourgogne.
Cette variété a besoin de pollinisateurs pour faire beaucoup de fruits.
Or, selon la chercheuse,
95% des pollinisateurs ont aujourd'hui disparu.


"On est sur des extinctions faramineuses. Elles sont arrivées tellement lentement qu'on ne s'en est pas aperçu.
Les extinctions d'insectes sont celles que n'importe quel Bourguignon peut apercevoir. Il n'y a plus d'insectes par rapport à ce qu'il y avait il y a 40 ans. La baisse est de l'ordre de 80 % en nombre d'individus en zones non protégées.
Un jour, on va s’apercevoir qu’on a
des disparitions catastrophiques et on va se rendre compte que la biodiversité est très utile. Quand elle ne va plus assurer ses rôles, on va être bien embêtés comme le sont les producteurs de cassis."

La menace des espèces invasives

Autre preuve de l'évolution profonde de la biodiversité dans la région, des espèces exotiques envahissent maintenant certaines parties du territoire.

"Leur présence et leur prolifération peuvent avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité locale, l'économie ou encore la santé humaine. Les espèces exotiques entrent en compétition avec les espèces autochtones et peuvent s'accaparer leurs ressources alimentaires ou leurs milieux de vie, voir les chasser directement", indique l'Observatoire régional de la biodiversité.

Selon l'Observatoire, il n'y a pas moins de 58 espèces exotiques envahissantes en Bourgogne - Franche-Comté dont 21 espèces animales et 37 espèces végétales sur 84 listées au niveau national.

L’appétit féroce de la pyrale

Introduite accidentellement en France en 2008, la pyrale du buis s’est très rapidement multipliée à travers le territoire national, jusqu’à arriver dans notre région.

Pour l’environnement, l'appétit féroce de la pyrale a ses conséquences. Lorsqu’ils perdent leurs feuilles, les buissons de buis sont plus facilement inflammables. La destruction de leur feuillage conduit aussi à une perte de biodiversité en perturbant le nichage des oiseaux et favorise l’érosion, notait la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt dans nos colonnes.

Le menace du frelon asiatique

Le frelon asiatique est un nuisible très invasif en raison de son mode de reproduction exponentielle et de ses besoins protéinés. Le frelon asiatique est particulièrement nocif pour la biodiversité.

C’est un véritable prédateur pour les autres insectes, comme les mouches, les guêpes, mais aussi les abeilles avec lesquelles il nourrit les larves de sa colonie. Il est de fait destructeur de la diversité et menace la chaîne alimentaire autour de ses nids. Son invasion n’est pas prêt de s’arrêter d'autant qu’il est encore difficile de l’éradiquer.

Les punaises diaboliques envahissent

Une couleur brune-grise, une taille de 17 mm, un corps en forme de bouclier... L'halyomorpha halys ressemble assez à sa cousine autochtone, mais il s'agit bien d'une espèce invasive.

Elle est originaire d'Asie de l'est, de Chine précisément. Depuis, elle a essaimé, transportée par l'humain. En 2007, elle a été signalée en Suisse. Une première en Europe. Un spécimen a ensuite été signalé en Alsace, en 2012. Une première dans notre pays. Et elle ne s'est pas arrêtée en si bon chemin...

Inoffensive pour l'homme, elle pose des problèmes dans les vergers et les champs. Pommes, poires, cerises, pêches, maïs... Là où les punaises asiatiques passent, rien ne repousse. Elles dévorent tout. Ou plus exactement elles piquent les fruits et se nourrissent de la sève des branches, entraînant des pourrissements en série.

La pyrale du buis. Photo LBP/Roman BARTHE

La pyrale du buis. Photo LBP/Roman BARTHE

La pyrale du buis. Photo LBP/Roman BARTHE

Un nid de frelon asiatique. Photo LBP/Alicia WARCHOLINSKI

Un nid de frelon asiatique. Photo LBP/Alicia WARCHOLINSKI

Un nid de frelon asiatique. Photo LBP/Alicia WARCHOLINSKI

Une punaise diabolique. Photo / Hectonichus/CC

Une punaise diabolique. Photo / Hectonichus/CC

Une punaise diabolique. Photo / Hectonichus/CC

Le pseudorasbora, ennemi mortel

Julien Bouchard est ingénieur connaissance à l'Office français de la biodiversité. Il a étudié la présence du pseudorasbora dans la région.
"Cette espèce montre de nombreuses caractéristiques des espèces envahissantes" (opportuniste et tolérance de conditions environnementales extrêmes que l’on retrouve souvent dans des plans d’eau ou bien des cours d’eau dégradés), explique-t-il.
Originaire du Japon et de Chine, ce poisson a été introduit en France en 1970. Il est aujourd’hui présent sur l’ensemble des grands bassins français et est particulièrement bien représenté sur le bassin du Rhône et de la Saône, sur la Loire aval et dans la plaine de la Loire moyenne.

Problème : "Cette espèce est un porteur sain d’un agent pathogène (proche des champignons) appelé « Agent Rosette ». A l’œil nu, aucun signe de la maladie ni chez le pseudorasbora, ni chez les poissons contaminés. Pourtant cet agent pathogène est capable d’infecter 2 à 20 % de la population des espèces natives de nos cours d’eau et plans d’eau. Les mortalités ont lieu de façon régulière et non massive. Dans certains pays, comme la Turquie, des mortalités allant jusqu’à 80-90 % ont été observées. L’agent pathogène se transmet par simple contact dans l’eau et/ou par prédation. "

Photo  Sébastien Lamy/OFB

Photo Sébastien Lamy/OFB

Photo Sébastien Lamy/OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

Carte OFB

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Scrollez pour voir l'évolution de la présence du pseudorasbora en Bourgogne-Franche-Comté avant les années 2000, en 2010, puis en 2020 (ces cartes ne montrent pas de manière absolue la présence de l'espèce, mais les points où ont été trouvés des pseudorasboras)

Bonne nouvelle, le castor est de retour !

Des arbres taillés en biseau, des petits barrages… Pas de doute : le castor eurasien est de retour plusieurs centaines d’années après avoir déserté les cours d’eau du sud de la Côte-d’Or.

Dans le Pays beaunois, il avait même disparu depuis le Moyen-Âge : « C’est une espèce qui a été très chassée pour sa fourrure imperméable, afin d’en faire des chapeaux et autres couvre-chefs. Les castors ont été protégés à partir de 1909 dans le sud de la France, car ils n’étaient plus qu’une poignée. Ils ont remonté progressivement la vallée du Rhône », détaillait dans nos colonnes, en mars 2020, Alexis Revillon, chargé d’études à la Ligue de protection des oiseaux.

Répartition actuelle du castor. Image OFB

Répartition actuelle du castor. Image OFB

Répartition actuelle du castor. Image OFB

"Les premières traces du retour du castor en Côte-d’Or remontent en 2008, dans la rivière Arroux à Arnay-le-Duc, puis quatre ans plus tard à Seurre, en bord de Saône."

Bénéfique pour la biodiversité

Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), ce retour du castor est une bonne nouvelle pour les rivières locales.

Alexis Révillon vante les multiples qualités de cette espèce dite ingénieur : « Sa présence permet l’entretien du milieu et diversifie la faune et la flore. Il est une plus-value écologique. Il agit comme un jardinier en entretenant le bord des rivières, abattant des arbres et en exploitant les rejets  ».

"Cette régénération est bénéfique à toute la biodiversité, de la flore jusqu’aux poissons. Les barrages construits par le castor jouent un rôle déterminant dans l’amélioration de la qualité et le stockage des cours d’eau."
Alexis Révillon, de la Ligue de protection des oiseaux

«  Il dynamise la végétation, contribue à un meilleur entretien des berges, c’est un bâtisseur par nature  », poursuit le spécialiste de la LPO. Et d’ajouter : « Mais son retour aux côtés des hommes cause parfois quelques problèmes de cohabitation. Les castors doivent aujourd’hui s’accommoder de rivières profondément modifiées par l’homme.

Sa présence nous pousse d’ailleurs à repenser nos actions et la pression sur les rivières pour préserver les espèces, il faut lâcher la bride. Le plan général d’action en faveur du castor a pour but de faciliter l’intégration de cet animal sauvage dans son environnement ».

Et attention toutefois de ne pas le confondre avec le ragondin, une espèce cette fois invasive originaire d'Amérique.

Photo Sylvain Richier

Photo Sylvain Richier

L'inquiétude d'un climatologue
pour les années à venir

On l'a vu, le climat et son évolution ont un fort impact sur la biodiversité. Mais à quoi ressembleront les années à venir en Bourgogne-Franche-Comté ?

Benjamin Pohl, chargé de recherche sur le climat au CNRS, répond à cette question. "On va toujours s'orienter vers des étés chauds et secs souvent avec des canicules. Ce sera la chose la plus impactante dans les années à venir. On aura la même quantité d'eau sur une année mais elle sera répartie différemment, elle tombera moins en été à cause des conditions anticycloniques qui vont perdurer en période estivale. Pendant ces périodes, on aura des problèmes de ressources en eau. Cela risque d'être encore plus dur notamment pour les forêts", explique le climatologue.

Côté températures, le climatologue ne cache pas son pessimiste pour les générations à venir. "Je suis déjà inquiet pour la génération de mes enfants. Plus ça va, et plus je deviens pessimiste. L'horloge tourne et on n'a toujours pas amorcé le virage pour changer les choses. Il faut arrêter de traîner maintenant. Le temps œuvre contre nous. "

" Les modèles les plus pessimistes envisagent 55°C à Strasbourg à la fin du siècle. "
Benjamin Pohl, chercheur spécialiste du climat

Les responsables de ce changement climatique, selon Benjamin Pohl: l'homme et la production de gaz à effet de serre.

"La première cause de gaz à effet de serre, c'est le produit que l'on fait venir de l'autre côté de la planète. Le problème, c'est que ce gaz reste un moment dans l'atmosphère. Le temps de résidence d'une molécule de CO2 qui sort de votre pot d'échappement dans l'atmosphère est d'environ un siècle. C'est un système qui a de l'inertie. Même si on réduisait maintenant, il faudrait du temps pour stopper le processus. Une chose est sûre, cela va continuer de se réchauffer."

"Ce qui dépend de nous, c'est de combien cela va se réchauffer et pendant combien de temps".
Verra-t-on un jour la satue du bareuzai sous la glace ? Photo archives LBP

Verra-t-on un jour la satue du bareuzai sous la glace ? Photo archives LBP

Verra-t-on un jour la satue du bareuzai sous la glace ? Photo archives LBP

Nous avons plus de chance de voir la statue du Bareuzai écrasée par la chaleur. Photo archives LBP/Philippe BRUCHOT

Nous avons plus de chance de voir la statue du Bareuzai écrasée par la chaleur. Photo archives LBP/Philippe BRUCHOT

Nous avons plus de chance de voir la statue du Bareuzai écrasée par la chaleur. Photo archives LBP/Philippe BRUCHOT

Épilogue
"la solution est entre nos mains"

Les spécialistes interrogés nous l'ont tous dit, la solution au déclin de la biodiversité -qu'il soit dû au climat, aux pollutions ou aux destructions des habitats - est entre nos mains.

"Maintenant, il faut agir et c'est un choix de vie. Que veut-on laisser aux générations suivantes ? ", interroge le professeur d'écologie à l'uB Frank Cézilly. "Si on agit tout de suite, on ne va pas sauver toutes les espèces, mais on peut sérieusement limiter les dégâts. Pour cela, il faut prendre conscience du problème et c'est un problème mondial", résume pour sa part Marie-Charlotte Anstett.

Et Frank Cézilly de conclure : "On a la chance en Bourgogne de pouvoir quitter Dijon et d'aller dans des espaces naturels comme le Val-Suzon et le parc de la Combe à la Serpent, mais pour combien de temps encore ? Et aura-t-on encore envie d'y aller si la nature n'y est plus aussi riche qu'actuellement ?"

"Il faut éduquer la jeunesse et pas par pur militantisme. Il faut qu'ils aient un intérêt réel. Il faut leur donner le goût pour la nature, c'est comme ça qu'ils sauront la protéger."
Frank Cézilly, professeur d'écologie